La chose la plus assurée en ce monde, si on suit du doigt la ligne qui se déploie depuis la naissance d’un être, est que la mort l’attend à l’autre bout.
Le désir peut en naître à celui que cet connaissance écrase d’obscurcir de l’obscurcir pour se rendre la vie aimable.
Puisqu’il ne peut agir sur l’heure de sa venue au monde et que si lui vient la fantaisie de changer celle de sa mort, ce ne sera à coup sûr que pour l’avancer, il lui reste le recours de modifier la ligne qu’il suit pour aller de l’une à l’autre. Il peut la tourner et la contourner, la faire revenir sur elle-même à l’envie jusqu’à se la rendre illisible.
Ce jeu peut se mener à plusieurs. Les lignes durcissent et s’érigent en institutions, et dans les aspérités se glissent les habituels parasites – des marchands ouvrant des mallettes luxueuses sur d’impossibles chatoyants.
Ceux qui voulaient oublier y ont trop bien réussi. Désormais la fin leur échappe. Ils veulent y arriver plus vite. Ils cherchent des raccourcis – le moyen de sauter la ligne. Et les marchands sont là pour les leur fournir. Sous réserve de dévorer une portion de leur âme pour offrir le passage.
Le labyrinthe devient marécageux – les flaques de confusion le rendent illisible. Le brouillard de brouillamini le rend illisible. Des guides proposent désormais d’aider les visiteurs à l’arpenter. Plus tard il y aura un cycle de nettoyage, mené par des illuminés. Ils brûleront les murs et retrouveront le chemin direct vers la mort. Pendant un temps, ils le chériront – comme un moyen de ne pas succomber à la confusion. D’être vrais. Puis leurs enfants ou leurs petits-enfants reconstruiront les paravents en dur. Et reviendront aux guides. Les guides étaient là tout du long. Cachés dans les plis. Les marchands étaient là tout du long. Cachés dans les plis.
Le mouvement d’extension du labyrinthe est une diastole. La systole est celui de sa rétractation. Il forme un axe indépendant de l’axe vie/mort qui possède son propre cycle.
Le labyrinthe pulse et ses occupants immanents avec lui – ils ressentent d’instinct ses changements d’état comme les saisons de leur art. Il y a des heures d’appétit et des heures de disette. Des heures de prédation et des heures d’abandon.