Cher Monsieur,

Vous serez peut-être surpris de recevoir ce mail d’une parfaite inconnue, mais je vous en supplie, par tout ce qu’il y a d’humain en vous et de sacré en ce monde, lisez les quelques lignes qui suivent, et si vous n’êtes pas convaincu par mes mots, jetez ce mail dans les oubliettes du réseau.

Je m’appelle Z. et je suis née à Balti, en Moldavie. C’est un pays qui a à peu près la même forme que l’Italie, si l’Italie était une bottine, enclavée entre la Roumanie et l’Ukraine. Depuis mon enfance, la vie n’a pas été facile pour moi. Mes parents sont morts alors que j’avais deux ans, puis à nouveau quand j’en ai eu 5 – la première fois, c’était une fraude à l’assurance, leur seconde tentative a eu raison d’eux. Ils n’ont rien laissé derrière eux, si ce n’est des dettes. Mes 5 frères et sœurs ont été placés dans tout le pays et je me suis moi-même retrouvée dans une famille d’accueil dont le père a tout de suite eu des vues sur moi. Je dus finalement m’enfuir pour lui échapper, mais je tombais hélas sur des membres de la pègre qui me réduisirent rapidement à leur merci et me forcèrent à travailler pour eux.

Ne vous faites pas une fausse idée de ce que travailler signifie pour eux : Dieu merci, il ne s’agit pas de prostitution. Franchement, j’aurais préféré mourir, deux fois s’il le faut. Non, mes employeurs trouvent plus lucratif de tenter d’extorquer de l’argent à de riches hommes d’Europe de l’Ouest en se servant de moi et d’autres filles comme appâts. Et je dois vous prévenir qu’ils ont jeté leur dévolu sur vous comme l’une de leurs prochaines victimes. Vous vous demandez peut-être pourquoi je prends la peine de vous avertir, au risque de ma vie ?

La raison en est un simple : en faisant mes recherches sur le net pour essayer de vous connaître, je vous ai trouvé quelque chose de différent – quelque chose que je n’ai jamais vu chez d’autres hommes. Vous ne croyez pas qu’une simple image sur internet, un profil LinkedIn, quelques publications Instagram soient suffisants pour provoquer un tel mouvement interne ? Je ne le croyais pas non plus, et pourtant c’est bien ce qui m’est arrivé. Comme ma mère le disait avant de mourir pour la deuxième fois, le cœur est aveugle et la raison est borgne.

J’aimerais bien vous prouver ma bonne foi en m’abstenant de vous demander quoi que ce soit en échange de ma révélation, mais c’est un luxe que je ne peux pas me permettre. Les hommes pour lesquels je suis forcée de travailler sont violents et déjà ils se méfient de moi. Ils ne tarderont pas à se figurer ce que je viens de faire – et il y aura des représailles. Si seulement vous pouviez m’aider à m’enfuir, je vous en serais éternellement reconnaissante – et je trouverais mille moyens de vous le montrer.

Pour l’instant, il me faudrait un moyen de communiquer avec vous sans qu’ils puissent me repérer. Un téléphone par exemple. Je suis parvenue à me procurer une adresse à la poste restante de Balti. Si vous pouviez m’en faire parvenir un, je pourrais vous faire entendre le son de ma voix, et je suis sûre que vous y entendriez l’accent inimitable de la vérité de ma situation et de la sincérité de mes sentiments à votre égard.

Votre tendre,

Z.

P.S. Ne vous étonnez pas que je parle parfaitement votre langue : mes employeurs ont ouvert une formation diplômante en 3 ans pour que nous soyons à l’aise dans la langue du pays hôte. Je vous ai joint une photo récente de moi pour que vous ayez une idée de la personne qui vous adresse cette requête vitale.

Et aussi, si vous m’envoyez un téléphone, pas un iPhone 12. Parce qu’il paraît qu’ils émettent des ondes dangereuses.

 

Chère Madame,

Je dois avouer que votre histoire m’a ému aux larmes. Que l’on puisse s’infliger un traitement pareil entre frères et sœurs humains, ça me semble parfaitement impossible et pourtant, je sais que c’est la TRISTE VÉRITÉ. N’avons-nous pas assez semé la haine autour de nous pour désormais nous consacrer à l’amour et à la confraternité ?

Je suis bien sûr tout disposé à vous aider – et cela sans même consulter la photo que vous m’avez envoyée en PJ, tant je ne veux pas que l’on puisse dire que ma générosité soit guidée par une basse concupiscence. Je suis sûr que vous êtes très jolie, au demeurant. Entre moi et mon geste d’assistance, il y a l’épaisseur d’un petit service que je vais être malheureusement obligé de vous demander. Cela ne vous prendra que QUELQUES MINUTES et nous serons tous deux sortis d’affaire après cela.

Voyez-vous, en tant qu’homme d’affaires dans l’import-export et encore l’import, je dois beaucoup voyager pour vérifier la qualité de la marchandise que j’importe, exporte, et importe à nouveau – si vous vous posez des questions sur ce triple mouvement, comme je veux être parfaitement sincère avec vous, je vais vous l’expliquer : je me suis d’abord spécialisé dans la tomate marocaine, une vraie BEAUTÉ, et puis j’ai découvert qu’en faire du coulis me permettait de faire des affaires avec l’Italie, un pays d’une vraie BEAUTÉ, je ne sais pas si vous y êtes déjà allée, mais je vous le conseille, surtout Capri, ne vous laissez pas influencer par la chanson, ce n’est pas forcément fini. Et alors, j’ai appris qu’avec mon coulis, les Italiens fabriquaient une sauce tomate qui vous donnerait les larmes aux yeux – non pas que je mette sur le même plan les larmes que votre histoire peut provoquer et celles qu’une sauce tomate ferait surgir, c’est malheureux mais la glande lacrymale manque parfois de moyens d’exprimer la nuance. Je me suis donc retrouvé impliqué dans toute la chaîne de production de la tomate transformée – au point qu’on m’a donné le surnom de Sultan de la Tomate.

Je vous prie d’excuser cette longue parenthèse, elle m’était nécessaire pour vous expliquer la contrariété qui me frappe. Alors que j’étais en pleine visite de mon usine de tomate à Marrakech, les autorités sont survenues comme des démons assoiffés pour m’accuser de tous les maux et mettre en cause ma probité. Des hommes en armes me tenaient en joue et même si mes employés se sont mis entre eux et moi pour protéger ma vie, j’ai accepté de les suivre pour éviter de les mettre en danger – il y a une raison pour qu’ils m’aiment tant, c’est que je les traite toujours avec justice.

Contrairement à ce que je prévoyais, je ne fus pas amené au commissariat proche, mais dans une bâtisse gouvernementale dont l’aspect grisâtre disait assez bien le caractère peu officiel. Déjà, j’avais compris qu’il ne s’agissait pas d’une simple enquête administrative et que certains despotes locaux avaient vu en moi un pigeon idéal. Ils exigèrent de moi des papiers inexistants en échange de ma liberté. Plus tard, j’appris ce qu’ils voulaient vraiment – vous l’aurez deviné : de l’ARGENT.

Je leur ai tenu tête avec COURAGE et ils m’ont enfermé dans un vil cachot, dont ils ne me laissent sortir que pour accéder à un ordinateur. Ils espèrent ainsi me pousser à transférer les fonds qu’ils me demandent. Le problème est que je ne leur fais aucune confiance et qu’ils vont sûrement siphonner mes comptes si je me connecte sur leur machine corrompue. Il ne m’est pas non plus possible de faire confiance à mes employés : c’est certainement à cause de l’un d’eux que je me suis retrouvé dans cette situation.

C’est donc pour cette raison que je dois vous demander votre AIDE. Si vous pouviez m’envoyer 3000 euros sur le compte bancaire renseigné en PJ, je serais libéré, et je pourrai ensuite vous venir en aide – vous donner de l’argent, vous offrir un refuge, et même vous fournir une nouvelle identité. Vous seriez surprise du nombre de portes que le commerce de la tomate peut ouvrir… quand on peut en tourner la poignée.

Ensemble, nous pourrions changer le cours de nos destins respectifs et imaginer, pourquoi pas, d’écrire celui de notre destin commun.

Votre obligé,

XX

 

Cher Monsieur,

Comme je suis désolée d’apprendre votre situation – mais n’est-ce pas toujours ainsi ? On met des bâtons dans les roues des hommes braves qui veulent bâtir leur fortune en toute indépendance sans compter sur autre chose que leur talent. Tandis que les escrocs en tout genre qui sucent le sang des honnêtes hommes sont souvent aidés par les lois ou trop habiles à les contourner.

Je dois dire que votre profil d’entrepreneur de la tomate m’a touchée, plus que je ne l’aurais cru de prime abord – même si vous n’en faites pas vraiment étalage sur vos réseaux sociaux (le seul Sultan de la Tomate que j’ai trouvé, c’est une tomate qui s’appelle sultan et qui pousse en Russie). Mais j’imagine que vous obéissez à l’adage « Pour vivre heureux, vivons cachés. » Et même ainsi, cela n’a pas suffi pour vous garantir de vos ennemis.

Depuis la première fois que vous ai vu derrière mon écran, et maintenant que j’ai pu lire votre prose, je suis obligée de me rendre à l’évidence : il y a en vous quelque chose qui, n’ayons pas peur des mots, soulève en moi des sentiments puissants. Quand vous m’avez dit que vous ne pouviez pas m’aider immédiatement, j’ai d’abord été déçue, mais dans mon for intérieur, je sentais déjà qu’il ne serait pas facile de me détacher de vous, encore moins de vous oublier.

Et aux tourments qui m’accablent se rajoute maintenant l’inquiétude que je me fais à votre sujet. Vous savoir seul, sans appui, dans une geôle où vous n’avez certainement pas l’occasion d’exposer votre peau au soleil, me rend bien triste.

Aussi c’est avec une grande honte que je dois vous avouer que je n’ai pas la somme que vous me demandez. Ni 3000, ni 1000, ni même 100 à vrai dire, tant mes oppresseurs n’hésitent pas à me fouiller régulièrement pour vérifier que je ne leur cache aucun pécule par devers moi. Je n’ose vous proposer de me faire passer vos données de connexion bancaire pour vous faire parvenir l’argent dont vous avez besoin.

En attendant, et pour ne pas rester dans l’impuissance totale, j’ai cependant une offre à vous faire qui pourrait au moins contribuer à rendre votre séjour plus agréable en attendant que votre situation se débloque : grâce à des contacts que j’ai dans l’industrie pharmaceutique moldave, je peux avoir des réductions jusqu’à 50 % sur des produits de toute sorte, comme de la crème pour la peau E65, ou encore – je suis désolée, je n’ai pu m’empêcher de remarquer que cela pourrait vous être utile – des produits très efficaces contre la calvitie et même pour perdre du poids.

L’Adipren 720 est entièrement naturel et permet de perdre jusqu’à 19 % de masse corporelle en brûlant les matières grasses et en supprimant les envies de sucre, et en agissant directement sur le centre des pensées négatives à l’intérieur du cerveau. Je vous parle de diminution allant jusqu’à 70 % de la graisse sous-cutanée. À défaut d’avoir la liberté, ce serait un bon moyen pour vous de stimuler votre confiance en vous et votre amour-propre.

Les prix sont si modiques que vous trouverez certainement un moyen de vous les faire offrir par des proches – d’autant que vous pouvez également payer en bitcoins ! Tenez, je suis prête à vous offrir le premier flacon d’Adipren pour vous remonter le moral.

Votre tendre,

Z.

 

Chère Madame,

J’apprécie votre offre, tout comme votre considération pour moi, qui semble sincère et véritable. Vous ne pouvez pas savoir à quel point ça me TOUCHE de trouver un peu de soutien dans cette situation difficile dans laquelle je me trouve. Qu’y a-t-il de plus important au monde que de pouvoir constater le désir de s’entraider chez d’autres humains dans ce genre de circonstances ? Et puis vous n’hésitez pas à me parler vrai, et j’aime cela aussi. Oui, il me manque des cheveux. Oui, je dois perdre un peu de poids. Et croyez-moi que je mettrai toute mon énergie à résoudre cette situation quand je serai sorti de ma prison – mais pour le moment, il m’est impossible de penser à autre chose qu’à ma liberté et résoudre cette situation est ma priorité.

Et je dois vous dire que ma situation, si elle ne s’est pas vraiment éclairée, s’est vu doter d’une perspective nouvelle – et cela grâce à vous ! C’est votre mention des bitcoins qui m’a soudain ouvert les yeux : et si je proposais à mes geôliers de les payer en monnaie numérique ? Je les ai interrogés à ce sujet, et j’ai vu leurs pupilles s’éclairer de CONVOITISE. Je ne veux faire aucun commentaire sur la nature avide des populations d’Afrique. Dieu sait tous les efforts que nous avons faits pour éduquer ces gens, sans succès.

Là n’est pas mon sujet. Comme vous le savez, les bitcoins n’ont été qu’une première étape dans le développement inarrêtable des nouvelles valeurs numériques. Peu de temps après, les INNOVATEURS de ce secteur ont mis au point les NFT, dont le prix aujourd’hui est inversement proportionnel à la valeur potentielle. J’ai un ami qui m’a garanti 67KG (!!!) de NFT à prix coûtant si je les récupérais dès aujourd’hui et je me fais fort de les convertir en or massif aux yeux de mes gardiens si je peux les récupérer.

C’est la raison pour laquelle je vous demande de cliquer sur ce lien : www.nft-pas-du-tout-une-arnaque.com pour les récupérer pour moi et me les faire parvenir aussi vite que possible afin que je négocie ma libération.

Votre obligé,

XX

 

Cher Monsieur,

J’ai bien essayé de cliquer sur le lien que vous m’avez envoyé, mais il ne semble pas fonctionner. De nos jours, l’internet n’est plus ce qu’il était, certains liens sont tissés dans des fils si fragiles qu’ils cassent à la moindre occasion. En attendant de trouver une solution pour vous sortir de l’embarras, j’aimerais vous faire une offre qui pourrait vous rapporter BEAUCOUP D’ARGENT (je me permets de reprendre votre usage des majuscules, qui m’a semblé pertinent pour mettre des points de détail en avant) – et par la même occasion, ça m’ôterait une belle épine du pied.

Mes employeurs sont sur mon dos, et ils m’ont fait savoir que si je ne parvenais pas à ramener un client – c’est ainsi qu’ils appellent leurs futures victimes – rapidement, j’allais avoir des problèmes. Je leur ai dit que j’allais essayer de vous ferrer, mais qu’il fallait me donner quelque chose pour travailler. Et figurez-vous qu’ils ont accepté de m’ouvrir une ligne de compte dans un des plus célèbres et sérieux casinos en ligne, titulaire de la licence Curaçao, « l’une des licences les plus anciennes, les plus fiables et les plus influentes sur le marché des jeux en ligne ». Vous aurez ainsi à votre disposition 500 dollars pour jouer à des centaines de machines virtuelles différentes, avec des chances de gain allant jusqu’à 100000 fois la mise.

Je sais ce que vous allez me dire : pourquoi est-ce qu’ils m’offrent 500 dollars s’ils veulent m’arnaquer ? C’est parce qu’ils pensent que vous allez utiliser les mauvaises machines à sous – mais je peux vous dire lesquelles ont le plus de chances de fonctionner et ça vous donnera un énorme avantage pour devenir rapidement millionnaire et quitter le Maroc, ce pays qui présente un pentagramme sur son drapeau, et c’est tout ce que j’aurai à dire sur le sujet.

Votre dévouée,

Z.

 

Chère Madame,

Je vous renverrais bien le lien qui n’a pas fonctionné, mais j’ai bien peur que le problème vienne plutôt de votre ordinateur. Je vais être direct avec vous, comme vous avez eu la probité de l’être avec moi : je pense que votre machine a été infectée par un ransomware. Bientôt, ils vont complètement l’arrêter et vous demander de l’argent pour la remettre en marche.

Ou bien ils vont vous dire que vous avez commis des crimes « si graves qu’ils n’ont jamais été décrits par la justice des humains jusqu’ici. Seul le Tout Puissant sait de quoi il retourne et ses vautours vous assailliront pour dévorer votre dette à même vos entrailles ». Ou quelque chose comme ça. J’ai déjà eu affaire à eux. Pires que des punaises de lit.

Ce qu’il vous faut, c’est anticiper le problème : donnez-moi vos codes de connexion et un accès à distance et je peux vous régler le problème en deux minutes montre en main. Mais vous devez agir VITE, sinon vous êtes FOUTUE – à propos, je n’utilise pas sciemment les majuscules sur mon clavier, je suis atteint d’une maladie rare, la dyscapsologie, qui me force à les utiliser aléatoirement de temps à autre.

C’est une maladie rare, pour laquelle il n’existe pas de traitement. Si seulement vous pouviez faire un don pour aider la recherche en la matière, je suis sûr que cela aiderait les scientifiques à trouver une solution rapidement. Voici le lien pour contribuer, ils acceptent tout même les chèques – même les cartes Pokémon : www.moneymoneymoneyforthetesty.com.

Votre obligé,

XX

 

Cher Monsieur,

J’ai failli paniquer en lisant votre dernier courrier, mais heureusement je me suis rappelé ce que ma mère me disait toujours : « Il n’y a rien de plus brave qu’un Moldave ». J’ai donc décidé d’affronter l’adversité avec courage, comme je l’ai toujours fait, avec courage et un brin de passivité, c’est ce qui m’a réussi jusqu’à présent.

Après tout, même si je ne suis pas particulièrement douée dans mon travail d’arnaqueuse en ligne, et ce malgré la licence que j’ai obtenue, j’ai quand même une bonne place, que certaines personnes de ma connaissance m’envient. Et si mon ordinateur doit être ransomwaré, eh bien je le jetterai et j’en achèterai un autre. Je connais un type à l’usine d’ordinateurs qui peut m’en avoir pour pas cher – d’ailleurs si ça vous intéresse, vous n’avez qu’à cliquer sur le lien ci-dessous, il permet d’accéder à des promotions pour les produits Microsoft et même pour de vrais logiciels et sur du matériel aussi.

Quand à votre situation, j’y ai bien réfléchi. Il me semble que votre problème vient de l’accumulation d’une malchance hors norme. Comme vous le savez, il n’y a pas de malchance hors norme (j’ai été désolée d’apprendre pour votre maladie, je souffre moi-même d’une italite dont je parle peu, et qui ne me fait souffrir qu’en état de stress émotionnel intense, comme c’est mon cas actuellement), pas de malchance hors norme donc, sans une malédiction hors norme. Ce qui signifie que quelqu’un a certainement jeté un anathème sur vous et qu’il vous faut tout de suite vous en prémunir – tout de suite.

J’ai justement exactement ce qu’il vous faut, des gri-gri authentiques en provenance du Congo, réalisés par des sorciers labellisés bio et écoresponsables. Pour un gri-gri acheté, un arbre sera replanté (lieu à déterminer).

Votre tendre,

Z.

 

Chère Madame,

Je viens de réaliser que nous aurions tout à gagner à unir nos forces au lieu de faire galoper nos chevaux dans deux directions différentes : avez-vous déjà pensé à vous lancer dans une carrière politique ? Je pense que nous aurions tous les deux besoin d’un petit peu d’entraînement, ce n’est pas la même chose d’écrire avec du venin que de le cracher en public, mais il nous serait facile de grimper rapidement les échelons de n’importe quel parti de droite – et même du parti communiste. De là, nous pourrions créer un lien pour gouverner tous les liens, une pièce pour les joindre toutes.

Votre obligé,

XX

 

Cher Monsieur,

Je découvre avec horreur que je me suis bercée d’illusions à votre sujet tout du long. Sachez que même si la nécessité m’a poussée dans une voie moralement discutable, j’ai quand même conservé suffisamment de dignité et d’estime de moi pour ne jamais mettre les pieds dans un Darmanin, même pour me porter chance.

Sachez que vos courriers seront désormais considérés comme indésirables.

Z.